jeudi 25 octobre 2018, 14:26
Passionnée par les enfants et soucieuse de leur venir en aide, Natacha Larson s'est installée en tant qu'orthopédagogue indépendante il y a bientôt deux ans. Cette membre pétillante et pleine de vie nous livre sa vision de l'éducation et de l'entrepreneuriat.
Bonjour Natacha, tu es orthopédagogue, est-ce que tu peux m’expliquer en quoi consiste ton métier ?
Mon métier, c’est d’aider les enfants, principalement du primaire, à exprimer leur plein potentiel en contexte d’apprentissage. Certains des enfants ont des troubles neuropsychologiques, comme la dyslexie, la dysorthographie (trouble lié à l'orthographe), le TDA (trouble du déficit d'attention), d’autres ont des défis d’origine affective ou encore en lien avec leurs méthodes de travail. Ma mission est d’abord de les aider à se connaître et à prendre confiance en eux. Par la suite, je leur propose des stratégies et leur apprends à répondre à leurs différents besoins face à des obstacles avec autonomie. Après le suivi, leurs difficultés deviennent invisibles !
C’est un métier qui est presque exclusif au Québec, pourquoi as-tu choisi cette branche là ?
J’ai toujours voulu travailler avec des enfants, dans un métier où j’aide les gens. Quand j’étais en France, j’étais intéressée par des études en psychomotricité et tout ce qui était entre le social, le psychologique et le paramédical. En arrivant à Montréal, j’ai vu le programme d’orthopédagogie et j’ai trouvé ça extraordinaire. C’est un mélange de tout ce que j’aimais depuis toujours. En France ça n’existe pas. Il y a des enseignants ressources, mais ils ne sont pas formés de la même façon : les enfants sont vite pointés du doigt parce qu’ils doivent aller voir plein de spécialistes différents.
Tu es aujourd’hui à ton compte, mais est-ce que ça a toujours été le cas ?
De nombreux orthopédagogues travaillent dans les écoles, et c’est également ce que j’ai fait auparavant. Néanmoins, il y a un aspect restrictif en milieu scolaire, à cause du nombre d’enfants dont l’école a la responsabilité, ce qui limite, de mon point de vue, la profondeur des interventions et la qualité du lien avec les enfants/familles ; l’implication active de l’enfant et de sa famille étant un prérequis essentiel à sa progression.
Je ressentais un décalage entre mes valeurs, ma façon de m’impliquer dans la réussite et l’épanouissement des apprenants et les contraintes indirectement imposées qui freinaient l’efficacité du suivi à mes yeux.
Je priorisais spontanément l’élève au cadre établi. Malgré les résultats obtenus par l’ensemble de mes élèves, la direction et moi-même avons choisi de ne pas poursuivre notre collaboration.
Comment as-tu rebondi et finalement créé ton entreprise ?
En raison de mes nouveaux objectifs professionnels, j’ai limité mon congé maternité à trois mois pour me permettre au plus vite de retrouver un équilibre financier. Finalement, je me suis demandé ce que j’aurais dit à mon petit garçon dans cette situation, et je pense que je lui aurai dit « fais ce qui te passionne, assume ton regard sur les choses et continue à avancer dans tes projets».
Ici, je travaille vraiment selon mes valeurs. S’il y a un souci avec un élève, je vais le communiquer directement à son/ses parent(s), ce qui est nécessaire pour être parfaitement efficace. Je m’adapte à chaque enfant et à ce qu’il vit dans son quotidien. Je veux développer, et je crois que c’est la clé, ce qu’on appelle l’« autodétermination ». C’est le fait que l’enfant fasse les choses par lui-même, pour lui. A partir de ce moment-là, il n’y a plus de contrainte. Il prend sa place et c’est lui qui dirige sa vie.
Depuis combien de temps es-tu à ton compte ?
En septembre, je pourrai fêter la deuxième année de "Natacha Larson, Orthopédagogue" et ma deuxième année à la Halte. Je n’ai pas l’impression de faire un travail, c’est littéralement ma passion (rires). Il y a ma famille, après il y a mon travail et ça marche super bien ! Et si ça ne se passe pas bien, je dis aux enfants : « Je ne suis pas là pour te crier dessus, c’est ta responsabilité, on arrête le suivi ». Ça marche beaucoup mieux avec les enfants : ne pas être dans le punitif, c’est éviter de les déresponsabiliser. C’est génial d’être dans le métier d’orthopédagogue en milieu entrepreneurial, parce que ça donne une grande liberté et que ça laisse place à la créativité et à l’innovation.
Pourquoi as-tu choisi le coworking plutôt qu’un autre modèle de bureau ?
C’était spontané ! Quand j'ai fini mon congé maternité, ma meilleure amie m’a envoyé un lien avec les meilleurs espaces de coworking de Montréal, et je ne connaissais pas du tout le concept. Mon conjoint a organisé une visite, je suis venue voir et c’est Philippe qui m’a fait visiter. C’était comme un rêve : l’autonomie totale et le cadre super chaleureux, mais professionnel en même temps.
T’es-tu rapidement sentie intégrée à la communauté de la Halte ?
Oui, j’aime participer aux événements, mais j’ai moins pu le faire cet hiver. J’avais beaucoup trop de RV en soirée. Maintenant que je suis à l’aise et que j’ai une base de clients placés en liste d’attente, je vais pouvoir réduire mes heures. Mais j’adorais les conférences du déjeuner ! Les activités rassemblent dégustation de vins, création de sushis, yoga, c’est incroyable ! Que demander de plus ?
Aurais-tu un conseil à donner à quelqu’un qui veut se lancer à son compte ?
Oui complètement ! Mon conseil, ça serait de faire les choses par passion, de suivre ses intuitions. En faisant ça et en restant fidèle à ses valeurs, c’est impossible de se tromper. Ça peut être difficile, ça peut être stressant, mais on ne peut pas se tromper. Il ne faut pas faire ce choix de manière cartésienne. Je n’ai jamais douté avant de me lancer, et même certaines personnes me disaient « tu es complètement insouciante », je leur répondais « non je suis complètement normale, c’est vous qui passez à côté de votre vie ».
Vous pouvez retrouver Natacha Larson sur Facebook et sur son site internet.